24 SEPTEMBRE - ZAGORA > FOUM ZGUID (233km) : quand t’es dans le désert...



Quelle surprise ce matin, il fait chaud! Ca sent la troisième journée de suite à plus de 40°....on part tôt pour avaler les 70km jusqu’à Tagounite, la veille j’ai repéré un passage après le col pour éviter d’aller jusqu’à la ville mais finalement on laisse tomber trop de cailloux, on va pas commencer à se paumer dès le matin.

Plein d’eau et d’essence à la station, on dégonfle un coup et yallah.




début roulant près de Tagounite, ça sent le sable chaud...


On trouve la piste dans le village après s’être un peu paumés (pas mal de nouvelles constructions dans le coin) et ça roule plutôt très correctement, mais pas longtemps...Après un peu moins d’une heure avant la “source sacrée” j’ai un point “sable mou” sur notre route au GPS, parfait j’adore! Arrive donc un passage assez coton, des traces partout et des herbes à chameau après une petite descente, j ‘attends, Pierre se tanque vite fait à droite. N’écoutant que mon courage (Pierre à la radio) et parce que “vite c’est mieux” je prends de l’élan dans la descente, pour surnager, ça flotte, à gauche, à droite, gaz et bammm je perds encore l’avant et m’étale un peu vite....pas de mal mais encore une bonne vautre, ça commence bien il fait déjà un bon 40°C.... on sort les 2 motos, on pousse sur une centaine de mètres et ça repart, on a bien passé 1/2heure dans ce bourbier de moins d’1km...légères ces Africa, légères !



 

c’est mouuuuuuu !


Direction la source sacrée, je sens que je ne roule pas très bien, la chute, la fatigue? Pierre taille la route devant, ça se met à cogner et nous arrivons à l’oasis. Il y a bien une source et une auberge avec 2 dromadaires “garés” devant, on aimerait bien s’y poser un peu il est midi et on a “un peu” chaud mais tout est fermé....après avoir tapé à la porte ils finissent par ouvrir timidement, l’auberge est en travaux mais ils peuvent nous vendre des boissons fraîches mais à l’extérieur, magique, des fantas! Il y a peu d’ombre, on se pose là près de la source effectivement très surprenante au milieu du désert (en même temps c’est le principe de l’oasis) et le gardien se rapproche de nous pour tenter de communiquer pas facile en berbère cela dit. Plus tard un berger surgit de nulle part avec son troupeau, ils s’engueulent un peu avec le gardien qui ne veut pas lui filer de cigarette, le gardien est pas contre un coca, Pierre lui deale un coca s’il donne une cigarette au berger, vendu! la négo en langage des signes était assez marrante.



 

l’auberge à la source sacrée et ses fantas salvateurs...


Ils nous annoncent encore plusieurs kilomètre de matraquage sur la piste, ouaaaaais, on se ré-équipe et direction le lac Iriki par le nord de l’Erg Chegaga, effectivement la piste est bien tracée mais tabasse encore pas mal avec des pierres noires plutôt acérées, on croise des mini tornades ici et là gauche les dunes sont assez impressionnantes on n’y posera pas les roues on n’est déjà pas sûrs de notre arrivée à Foum Zguid à ce rythme et puis le vent se lève, brûlant, je crains un peu la tempête avec nos tentes Queschua....



 

mini tornade et campements nomades


Alors qu’on se rapproche du poste militaire à la jonction des 2 pistes qui mènent à Foum Zguid et que l’on roule un peu plus vite d’un coup ma direction se bloque avec de fortes vibrations: roulements de direction? non ils sont neufs, en fait ça tourne un peu mais ça coince et la fourche est très rigide, bizarre. En fait dans un trou, la fourche en compression a coincé l’arrière du garde boue -qui a pris du jeu à force de digérer des cailloux- dans le sabot moteur ce qui bloque la direction et a comprimé l’avant du garde boue sur le pneu, le faisant fondre avec la vitesse! Ne voulant pas rouler sans garde boue vu les pierres, ont le resserre mais les attaches sont arrachées ça ne tiendra pas longtemps...déjà que j’allais pas bien vite, il va falloir être plus prudent, allé je suis sur qu’il y a un concessionnaire Honda à Foum Zguid...!



 

pause technique pour refixer le garde boue fondu!


Je suis épuisé quand on arrive enfin au poste militaire juché sur une colline, les 2 types ont chaud mais ils nous disent que ça peut monter à plus de 50 alors ils prennent ça avec philosophie forcément. On discute un peu mariage, enfants la France, le Maroc, tout ça ils sont très sympas et assez lucides sur leur pays, ils se sentent un peu punis à ce poste mais adorent quand même la beauté du désert, on les comprend...



 
sur le lac Iriki avant le poste militaire de Foum Zguid


C’est à mon tour d’être carbonisé, je ne suis pas sur de pouvoir reprendre la route, finalement une bonne demi heure et un litre d’eau tiède plus tard on repart par la piste sud plus longue mais meilleure que la piste directe du nord aux dires du militaire qui confirme les conseils d’Eric...du coup je n’ose pas imaginer la piste Nord: passés les 10 premiers km très roulants sur le lac Iriki on passe les 30 suivants à se faire secouer comme des dingues sur de la tôle ondulée, j’ai l’impression que la moto va partir en morceaux et moi avec, on ne parle plus dans la radio, plus de photos, il faut arriver, vite...

Finalement plus d’une heure après on aperçoit Foum Zguid, le bivouac est complètement exclu, il faut aussi trouver une solution pour mon garde boue. Direction la place du village, je suis au bord des larmes quand je descends de la moto, épuisé, mort de chaud et inquiet de ne pas pouvoir aller au bout avec la moto...




derniers km avant Foum Zguid


On boit 4 fantas chacun sans rien dire ou presque, avant de chercher un hôtel dans le routard, ce sera l’auberge Iriki mais avant il faut trouver mon concessionnaire Honda. Ça tombe bien il y a un soudeur sur la place, je lui explique tant bien que mal qu’il faut consolider les passages de boulons, il a l‘air de

comprendre, je repasserai le chercher demain.


On débarque à l auberge Iriki, il y a 2 XT en pneu route une 660 et une classique, on se dirige vers les chambres c’est juste correct, les toilettes sont toilette HS, (pas grave la chambre à coté est libre), mais ça n’est pas cher, dans notre état ça fera l’affaire, par contre on se fait berner par la clim’ dont seul le ventilateur fonctionne...ça tombe bien il fait 35° dans la chambre...

Les 2 frères qui tiennent l’auberge sont très sympas, ils nous servent un bon tajine devant l'hôtel (trop chaud à l’intérieur) sur un terrain vague de l’autre coté de la route avec les chats errants, non-loin des poubelles et  des enfants qui jouent au foot ; il souffle un vent chaud à plus de 30° alors qu’il fait nuit noire, l’ambiance est un peu surréaliste. Heureusement le tajine est excellent, les pilotes des 2 XT viendront nous saluer, ils se baladent dans la région avec ces motos qu’ils ont loués, ils veulent des renseignements sur l’état de certaines pistes dans le coin mais en pneus route danger...l’un d’eux nous raconte ses voyages en Africa Twin qu’il juge trop lourde et finalement pas si fiable car il a notamment pris feu au Burkina-Fasso, la faute au légendaire régulateur de série qu’il n’avait pas pris soin de remplacer par un modèle de frigo comme notre espagnol du premier jour !

Pour l’instant les nôtres tiennent le choc malgré la forte chaleur, les chutes et le reste si l’on exclue mon garde boue plutôt anecdotique...et c’est le troisième Maroc pour la mienne!