Taroudant-Agdz

Lever 7h ! chargement, règlement de mon solde de 90Dh pour la nuit (!) direction le petit déjeuner chez Nada. Terrasse agréable sur le toit comme prévu (il fait toujours grand beau) mais en bas ils ne comprennent quand je demande petit déj, on me propose olives et fromage avec un peu de pain, je pars quand même là dessus plutôt que de rouler ventre vide mais heureusement Hussein va venir me rejoindre discuter un peu et surtout m'apporter un p'tit déj complet avec jus d'orange y tout y tout.

les remparts de Taroudant

Je pars de Taroudant à la fraiche contourne les remparts et direction l'Est vers Aoulouz par la petite route de l'autre côté de l'oued Souss au Sud de la ville (direction aéroport). La route est correcte mais assez rectiligne, en revanche le panorama sur les contreforts de l'Atlas est superbe.

l’Atlas en toile de fond

Dans l'autre sens je croise plusieurs convois de minibus roulant comme des cinglés et complètement surchargés avec des passagers jusque sur le toit et souvent une voiture qui ou une moto qui ouvre la route et demande de faire de la place, ils doivent taper un bon 120 sur cette route assez pourrie c'est un peu effrayant avec des gamins de 15 ans sur le toit mais je me pousse. Inévitablement après quelques kilomètres il y a un attroupement un "policier" de Sa Majesté qui tente de mettre de l'ordre et un minibus pas mal amoché dans le fossé...des gens qui pleurent et j'aperçois une des banquettes du minibus à une bonne 15aine de mettre plus loin dans le champ de pierres...j'ose pas imaginer les gamins qui étaient sur le toit....c'est ça aussi le Maroc.

la je suis encore en pleine forme, et j’ai de l’eau!

Il y a 80 bornes jusqu'à Aoulouz il est encore tôt et à la bifurcation Aoulouz <> Tillouine je bifurque vers l'Atlas pour passer par les montagnes vers Askaoun et Agdz inch'allah....je suis pas sorti...

a droite c’est plus court...à gauche donc vers Aoulouz

Je passe à Aoulouz un peu avant 10h, j ai la journée devant moi, j ai le plein moins 90km et une bouteille d'eau pleine, je remonte vers la route du barrage à l'Est et là première hésitation une piste bifurque à droite...mon GPS m’indique....ah non rien je n'ai pas de GPS justement! Bon la route est en mauvais état, pas une voiture je croise 2 anes et basta, je demande si ça mène à Askaoun mais les réponses sont très...marocaines, et plutôt en arabe donc pas facile avec une main qui pointe grossièrement une direction...bref après 20 bornes je suis pas plus avancé et la route s'oriente pas mal au nord, il n 'y a preque plus de goudron du coup c'est assez piégeux. Finalement un villageois plutot sur de lui m'indique que je dois passer de l'autre coté du lac en dessous du barrage, ok on la refait dans l autre sens.

le barrage, du mauvais (bon) côté

Au barrage je prends la piste croisée un peu plus tôt et commence à monter dans la montagne -cette fois dans la bonne direction- après 2 km ca tappe dur, la piste est très cassante, pas grave l'Aftwin est solide malgré le chargement, je dégonfle et ca repart, tiens encore une bifurcation...Je prends à droite avant de me faire interpeller par des villageois, ca ne mène nulle part (apparemment) il faut donc prendre celle de gauche, yallah.

ça n’en finit plus de bifurquer....

Ca monte ca monte ca tape un peu moins mais je dois faire du 15km/h de moyenne, il fait plus de 30 degrés, ca chauffe sous le casque et j’ai cette désagréable sensation de pas savoir où je vais…je passe à côté du lac, c’est beau, les alentours sont ocre et le lac de couleur vert d’eau, je ne veux pas savoir ce qu’il y a dedans, je profite moyen du paysage j’essaie de rouler un peu plus vite pour avancer avant de faire une pause pour me désaltérer vu la chaleur intense, mais c est raté, la bouteille d’eau a disparu, mal attachée je ne l’avais pas mise dans le sac et n’en avais qu’une (oui c’est imprudent mais ca me servira de leçon)…donc je commence à avoir soif et très chaud, il n’y a pas un coin d’ombre et partout autour les montagnes culminent à 2000 2500m d’altitude, la vue est souvent bouchée (mais où est mon GPS ?!) j’ai fait une trentaine de bornes et je commence à être un peu inquiet.

c’est loin mais c’est beau, ou l’inverse je ne sais plus

Je finis souvent sur des bouts de piste qui s’arrêtent dans des villages paumés, croise quelques convois d’ânes et de villageois des enfants qui me courent après très typique tout ça mais toujours pas idée si je suis sur la bonne route…la direction semble bonne pourtant.

Il est 12h chaleur d’enfer, soif d’enfer, je bataille toujours à 15 à l’heure sur cette piste où on ne voit rien et qui bifurque en permanence et personne ne semble connaître Askaoun, les rares personnes que j’ai croisé ne peuvent rien m’indiquer sur la carte, c’est ma merde. Rapide calcul 90km jusqu’à la bifurcation, environ 50 aller retour sur la mauvaise route plus environ 40 ça fait 180 il me reste encore 100 bornes d’essence environ, si j ai pas trop consommé…une décision s’impose, je me fixe 12h30 comme limite pour voir si cette piste débouche sur de la civilisation ou pas…il n’y a toujours RIEN, aux alentours.

Pression…et soif, très soif….j’ai pas envie de me faire mal, donc prudence.

Finalement, à flanc de montagne je ne vois toujours rien à 12h30, je fais demi tour et revient de presque 50 bornes jusqu’au barrage….

Je suis plutôt content d’y arriver puis de me « dé-soiffer » à Aoulouz il fait un bon 36 degrés….je reprends la route direction Taliouine pour manger un morceau.

le barrage...du bon côté, mais au retour

Il se trouve que l’auberge sur le bord de la route a des cartes au 100.000 de la région qui ne datent pas trop (années 70 quand même) et je retrouve ma super piste, les bifurcations etc…quelle surprise je devais être à moins de 10 bornes d’Askaoun et du goudron quand j’ai fait demi-tour ! Dommage.

la descente de plateau de Tailouine vers Agdz

Tout ça m’aura au moins servi de leçon, notamment pour les bouteilles d’eau, on ne m’y reprendra pas.

Aprè m’être reposé, gaz direction Agdz, l’étape du soir à environ 170km, la première partie n’a pas grand intérêt, à Tazenakht je m’arrête « faire de l’essence » et là patatra, quand je remets mes lunettes il n’y a plus la patte en métal avec le bout de plastique qui repose sur le nez…je mets 5 minutes à la retrouver par terre…sans doute qu’à cause des vibrations la soudure a fini par céder…qelle tuile aujourd’hui !

Heureusement je suis parti avec 3 paires, je « monte » mes super Oakley de moniteur très 80s, une pensé pour Tonio et je prends la route plus sinueuse qui mène à Foum Zguid et Agdz.

le long de l’Oued vers Agdz

Là c’est beaucoup plus intéressant même si c’est encore assez piégeux avec pas mal de terre, le route est extrêmement sinueuse, passe au cœur des montagnes et dans plusieurs défilés avec quand ça se dégage, le désert à perte de vue, bref du bonheur…ça y est c’est le grand sud.

A la bifurcation vers Foum Zguid je m’arrête prendre une photo et je croise l’ami Suisse et sa R1200 que j’avais vu à Tanger avec un groupe de français dont un montpelliérain en Harley ! Eux reviennent de Zagora où il y a apparemment pas mal de monde, ils se sont fait jeter des cailloux dessus par des gamins (oui c’est devenu ça aussi le Maroc) et quand ils m’en parlent je réalise que ça a failli m’arriver aussi la veille vers Tazenakht. Par contre le conducteur touché au casque est tombé, la moto (R1200GS) a tapé une pierre au bord de la route, cache culbuteurs percés (merci le flat), ils devront retarder leur retour le temps de trouver une solution, pas facile de réparer ces béhèmes récentes au sud du maroc…là je me dis que je suis pas si mal avec ma vieille, dire que j’avais hésité avec une 100GS…

Bref on discute 5 minutes, je remets mes lunettes CRAC, 2ème paire, branche cassée…quelle tuile aujourd’hui ! la c’est plus gênant parce que ma troisième paire a été achetée à Marrakech (suite à un vol dans une pharmacie…oui j’ai pas de chance avec les lunettes) et question filtrage UVs c’est pas le top. Donc je garde les Oakley mono-branche qui tiennent pas si mal et taille la route jusqu’à Agdz.

vers Foum Zguid et Tata, pour la prochaine jusqu’à Mahmid?

Agdz c’est pas fou, une grande route un place avec pas grand-chose et c’est tout, la région est magnifique (c’est là qu’a été tourné Babel) mais la ville casse pas des briques. J’arrive à l’hôtel Kissane à l'entrée de la ville peu avant 18h et joie il y a une piscine presque propre, je vais pouvoir me baigner vite fait (oui tout sale) au coucher du soleil, j’aurais rarement autant apprécié ça. L’hôtel est complètement désert à l’entrée de la ville, le soir je vais manger en « centre ville » encore un bouiboui avec un super tajine, thé à la menthe, nickel, je commence à avoir l’habitude. Un gamin vient me parler avec le discours habituel « soyez le bienvenu » « tu cherches un guide » etc. il comprend que je ne suis pas un bon client mais il veut des renseignements sur des médicaments qui lui ont été donnés par des italiens pour sa sœur malade qui vit dans le désert à 50 bornes…aïe. Bien que n’étant pas médecin -enfin si un peu quand même J je passe chez le gamin pour voir les médocs, il est incapable de m’expliquer ce qu’a sa sœur (si c’est vrai) mais il a un peu de tout, anti-diarrhéiques, paracétamol, aspirine et anti-inflammatoires rien de bien méchant, ni de bien efficace pour eux mais il saura au moins de quoi il s’agit…

Retour à l’hôtel pour la nuit après cette journée bien remplie, demain peu de bornes direction Zagora par l’Oued Drâa, la route n’ayant pas grand intérêt.