Lever 7h et les Allemands du Fennek Tour sont déjà sur le pont, ils font un boucan d’enfer…ils me regardent un peu comme un extra terrestre au p’tit déj sur la terrasse, moi je suis dans mes cartes, la piste que j’ai prévu de prendre bifurque à gauche après 40km, il s’agit pas de rater le virage au milieu de nulle part…Finalement l’un d’eux engagera la conversation, il est fan de ma moto montée mouton, en faisant le tour il me  met en garde sur la fissure dans le cadre…je suis au courant…

Départ vers 8h après une dernière hésitation sur le chemin à prendre, je m’évite le tour d’une mini montagne en prenant la piste après le village plutôt que là où j’ai repéré hier, GAZ !

début de la piste encore coté désert, je profite du peu d’ombre....

Il fait toujours un soleil de plomb et j’arrive au bout du goudron rapidement, là ça part un peu dans tous les sens, je me fais vaguement briefer par un gamin qui est là au bord de la route « tu passes là montagne puis comme ça et comme ça avec un vague mouvement de la main », c’est très clair. Au moment de partir, un autre gamin débarque de nulle part en mob, il veut que je lui transporte un panneau « 25km » à 25km du départ de la piste, c’est un pic pointu avec un panneau en bois clouté, j’ai nulle part où l’attacher et le gamin est super nerveux, peut être shooté à la colle…bref je pars avec le panneau callé derrière sur le baluchon, il tombera après 500m, je continue ma route.

plus loin vers le premier col, au fond le sud et Zagora qui s’éloigne

La piste est bien roulante au milieu d’une étendue, désertique, gravillons + terre, debout sur les cales pieds, je fais un bon 70 parfois 80 sans forcer même si je regrette le guidon rehaussé qui m’oblige à être trop penché, bon je me calme aussi régulièrement en me rappelant que je ne suis loin d’être Cyril Neveu… il fait bon, ça roule, j’ai dégonflé les pneus et la moto marche bien, les paysages sont magnifiques, c’est du bonheur !

La piste devient plus loin plus cassante à l’approche d’un premier col, j’en profite pour m’arrêter et me désaltérer après 1h à l’ombre d’un talus. C’est alors que je vois débarquer derrière moi une caravane de 3 4x4 (des gros Nissan) roulant plutôt vite pour des 4 roues, je me mets sur le côté et ils me dépassent, les touristes ont l’air un peu secoués à l’intérieur dans la fraicheur de leur clim…le pilote est déguisé en homme bleu du désert, super authentique.

sur le plateau, à la limite du sable

Je les laisse passer pour pas prendre leur poussière -je les vois à 20km de toutes façons- et me donner un peu d’air, je me dis aussi qu’éventuellement ils pourraient m’indiquer la route…

Arrivé au sommet on est sur un plateau à environ 1000m d’altitude et ça devient à nouveau plus mou, avec du sable et quelques arbres ici et là, il n’y a que le désert à perte de vue…Quelques kilomètres plus loin, aïe les 4x4 de nouveau, ils se sont arrêtés à côté de la seule construction au bon milieu de nulle part, une sorte ‘auberge en plein désert, bien vu sur cette piste. En face il y a une tente berbère où les touristes vont acheter quelques souvenirs, ils sont espagnols on discute 5 minutes pendant que je me rafraichis à l’ombre, l’un d’eux est très inquiet pour moi pour l’essence (la piste ne fait que 100km !!) l’autre a vécue à Paris et se révèle très sympa. Je ne traîne pas pour repartir avant eux, ils me prennent en photo, ce sera la première et la seule de moi cadrée correctement !

de l’autre côté pas grand chose non plus

La piste continue toujours aussi magnifique mais ca devient plus technique, le sable est plus mou je m’enfonce de 10 à 20cm par endroits et c’est rapidement la merde, l’avant qui part dans tout les sens, je ralentis, je m’enfonce, je manque tomber, j’ai chaud…rrrrrrrr. Bon je m’arrête dégonfler un peu plus et me rappelle du vieux conseil voulant qu’il ne faut pas couper mais au contraire accélérer dans le mou pour pas planter l’avant…plus facile à dire qu’à faire mais je repars et ca commence à rentrer, j’alterne entre le centre et le bord de la (des) piste(s) et finalement arrive à garder un bon 40 de moyenne, c’est pas le Dakar mais ça me suffit. En fait c’est très proche du ski, debout je tente de garder l’avant le plus léger possible et hors des traces pendant que je dirige la moto aux pieds avec les cales pieds, j’adore finalement.

c’est très joli mais il n’y a pas de panneau! gauche ou droite ?

Un nouveau col, je ne suis plus qu à une vingtaine de km mais la piste bifurque à gauche au milieu de nulle part, ça semble aussi beaucoup plus cassant…est-ce le bon embranchement, est-ce plus loin ? Pas facile, je prends un peu de hauteur sur les rochers me séparant la piste de droite, ça semble être la bonne et ce sera confirmé par mes amis espagnols en 4x4 qui me doublent pendant que je filme le panorama…

droite !

Je vais les suivre à distance mais j’aurai du mal à le rattraper : jusqu’à Taghbalt CA TABASSE SEVERE, c’est 15km d’enfer, plus long que toute la première partie, sur des pierres coupantes en veux tu en voilà, avec des virages à n’en plus finir….pourtant je vois la village tout proche à 8-10km mais ça n’en finit plus, je crève de chaud mais je veux continuer, mettre fin au calvaire.

Juste avant le village la piste bifurque à gauche vers la route comme on m’avait indiqué à l’auberge (plus rapide que tirer droit vers le village) mais c’est aussi du sable très mou et il commence à y avoir des gamins un peu partout, je sors les pieds pour éviter de tomber, je ne peux pas rouler vite c’est défoncé de traces de 4x4…je suis assis aussi ERREUR alors que les gamins courent à côté de moi l’un d’eux me coupe la route, j’évite, arrive un peu vite dans le DERNIER virage et patatra je me vautre presque à l’arrêt en plus, un peu énervé, un peu l’air con et je crèèèève de chaud. Je coupe le moteur et demande (hurle) aux enfants de ne pas s’approcher mais là je mesure le poids de la bête chargées (un bon 230kg)…en plus elle est un peu à l’envers posée dans le sable…finalement 2 des plus grands locaux vont m’aider à la remettre sur pattes, impossible de béquiller le sable est trop mou il faudra remettre les sacoches d’une main en tenant la moto de l’autre, je crèèèève de chaud il doit faire 38° bien tassés…Finalement assis sur la moto je peine un peu à redémarrer, j’hésite à leur filer quelques pièces pour l’effort mais ils sont 25 ça va être compliqué, finalement l’un d’eux ouvre une des mes sacoches dans mon dos pendant que je fouille ma poche, ok facile de décider dans ces cas là, je lui signifie (hurle) que ça n’est pas bien et repart sans rien filer, pourriture de touriste…

Taghbalt, enfin !

Taghbalt c’est joli de l’extérieur, ça ressemble à une ville fortifiée avec son cimetière (le premier que je vois) à l’entrée de la ville. C’est aussi très moche à l’intérieur et là que le goudron repart, je m’enfile une bouteille d’eau avant de repartir vers Tazzarine par le bout de route à allure soutenue histoire de sécher un peu, il va faire bon manger un bout !

Tout se passe bien jusqu’à Tazzarine (hormis un bus qui fait demi tour au beau milieu de la route) puis Alnif où je vais me faire un repas gargantuesque pour quelques euros sur la terrasse, c’est hyper bon ! Une farandole de plats en tajine, brochettes, legumes , patates (la fameuse patate d’ Alnif), je recommande chaudement le Relais du Sud sur l’avenue principale à droite vers Rissani.

demi-tour vers Alnif

Je repars direction d’Alnif puis Tineghir avec une partie de piste entre Alnif et Tineghir. En fait la route est en construction et coupe plusieurs fois la piste (à moins que ce ne soit l’inverse).

Là où elle n’est pas terminée (passage de rivière ou guets) ils mettent des pierres en travers de la route pour éviter qu’on ne s’y engage et qu’on ne tombe dans le « trou » avec des gravillons partout ça fait de bonnes glissades tout le long.

route piste route piste, les constructions avancent...

Ultime col le Tizi n’ Goujou à 1100m environ et s’ouvre la plaine de Tineghir avec la palmeraie au loin avant l’atlas et les gorges do Todgha, ça c’est pour demain.

la plaine avant Tineghir, au fond l’Atlas et le Todgha au menu de demain

Arrivée à Tineghir vers 17h, la ville a bien grossi depuis ma dernière visite (sous la pluie) en 2003, j’ai décidé de m’offrir le grand luxe pour une de mes dernières nuit dans cette région, ce sera l’hôtel Tombouktou, tenu par un Suisse qui a lui aussi des cartes au 100.000 exposées (décidément je suis le seul à ne pas les avoir), on prend une bière, on parle un peu de mon voyage, il ne m’en veut pas trop visiblement de l’avoir pris pour un belge (!!!) L’hôtel est en fait une ancienne Kasbah décorée par mon ami Belge Suisse, la chambre coûte environ 350Dh (une fortune par rapport au standing du reste du séjour) et il y a une petite terrasse dans le patio, parfait pour ce que j’ai (mal auc’), il n’y a que 2 autres touristes, des américaines, je ne serai pas trop dérangé…

Je vais prendre le désormais traditionnel thé à la menthe au coucher du soleil sur « la place », ça s’agite comme d’hab et je prends un peu de temps pour regarder la route du lendemain et lire mon journal (qui date de 4 jours).

thé à la menthe sur la place de Tineghir, repos bien mérité

Il y a quelques bouibouis sur la place je vais prendre un tajine de poulet en essayant de me renseigner sur la piste qui monte à Imilchil etle plateau des lacs, elle passe à 2500m, ça s’annonce canon, par contre je veux redescendre par l’autre vallée, celle du Dadès vers Boulmane pour dormir à Skoura. La piste coupe en pleine montée entre Tamtetouchte à 1700 et Msemrir de l’autre côté, je me rappelle avoir lu le récit d’un Toulousain en XT500 qui avait galéré dans un lit de rivières sur des km….je vais profiter pour aller m’oxygéner et monter jusqu’à Agoudal au moins (2400m), les locaux confirment que la piste n’est pas difficile mais je me méfie « jy peux t’montrer si tu m’emmènes m’sieur », euh ça va pas être possible par contre.

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